Et pendant ce temps-là…
Et pendant ce temps-là, le massacre continue en Syrie. L’accord sur la trêve de l’Aïd n’a été, une fois encore, qu’une tromperie du régime. Au bout de quelques heures, la répression a repris avec la même sauvagerie.
L’analyse de la situation a été faite et refaite. De façon très pertinente encore dans les colonnes du Figaro daté du 30 octobre, sous la plume d’Antoine Basbous.
Les enjeux sont considérables: d’abord la paix, la sécurité, la liberté pour le peuple syrien martyrisé; mais également la paix, la sécurité, la liberté pour le Liban, pour la Jordanie gravement menacées. La Turquie est en première ligne. L’Iran, l’Irak sont impliqués. L’improbable déblocage du processus de paix entre Israël et les Palestiniens est en balance. Bref il y va de la stabilité de l’ensemble de la région, et donc de la paix du monde.
Nous disons tous: « Cela ne peut plus durer! ». Et cela dure. Et cela va durer. Le regime est perdu mais sa capacité de résistance n’est pas épuisée.
Alors que faire?
Espérer qu’au lendemain de l’élection américaine, les Etats-Unis soutenus par la France, les principales puissances européennes, de grands pays arabes etc… pèseront de tout leur poids pour tenter de « faire bouger » Poutine? Je me demande s’il n’y a pas quelque naïveté dans cette profession d’espérance.
S’attendre à un sursaut des oppositions syriennes qui se montreraient enfin capables de s’unir, de s’organiser, de porter un projet clair pour la Syrie de demain? Il faut évidemment continuer à les y inciter et à les y aider. C’est ce que nous faisons depuis le début… sans grand succès.
Alors revient à l’esprit l’idée d’une intervention de force pour faire tomber un régime dont le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a, à plusieurs reprises, dénoncé le caractère criminel.
J’ai souvent écrit que, pour la France, s’affranchir de l’autorisation du Conseil de sécurité constituerait une rupture politique mais aussi morale dont il faut mesurer les conséquences.
Mais depuis des mois je tourne dans ma tête l’idée d’une initiative qui permettrait de sortir du terrible statu quo actuel. Et l’on voit bien que cette idée, c’est de rétablir une forme d’équilibre entre l’armée du régime, qui utilise ses chars, ses hélicoptères, ses avions, y compris contre les populations civiles, et l’armée de libération qui se bat avec des kalachnikovs. J’ai vécu le même dilemme il y a 18 ans : il s’agissait à l’époque de l’embargo sur les armes dans l’ex-Yougoslavie, qui maintenait apparemment la balance égale entre les belligérants mais qui profitait évidemment à la partie serbe au détriment des Bosniaques.
Quand j’évoque cette possibilité, on me fait tout de suite la même objection: « Mais à qui allons-nous donner des armes? N’y a-t-il pas un risque qu’elles se retrouvent dans les mains des terroristes d’Al Quaïda? »
Ce risque existe et voilà pourquoi il est si difficile de sauter le pas.